Igor, adhérent de Ma Ville à Vélo 08, dont la famille est originaire de Colombie, nous fait part de son périple.
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21 avril 2019. Pour mon premier jour en Colombie je suis allé ce matin à la « cyclovia« . Tous les dimanches matins, dans les principales villes du pays, les principales routes sont fermées aux voitures pour ouvrir ces routes aux cyclistes, coureurs, patineurs, marcheurs… À Bogota c’est à peu prêt 125km de route qui sont dédiés à cette activité.
Ce matin à la cyclovia, je n’ai pas pu rouler à mon rythme tellement il y avait de cyclistes. Ces cyclistes se comptent en milliers. C’était impressionnant d’en voir autant. Il y a aussi bien des groupes d’amis que des familles entières. Sur les bords de routes il y a tout un tas de vendeurs à la sauvette qui viennent égayer le parcourt en proposant toute une panoplie de nourriture et de jus de fruits.
C’est émouvant de voir qu’une agglomération de plus de 8 millions d’habitants arrive à réserver tous les dimanches matin 125km de route aux cyclistes coureurs, etc.
En dehors de ça la circulation est très dense avec de vieilles camionnettes émettant de gros nuages de fumée et des voitures très récentes. Cette ambiance urbaine contraste avec par endroits quelques petits parcs moyennement arborés. Dans un de ces parc, pendant la cyclovia j’ai pu voir un groupe d’une quarantaine de personnes faire des chorégraphies de manière énergique. La musique est présente par endroits. Quelques coureurs et même cyclistes se promènent avec leur propre enceinte pour propager l’onde sonore autour d’eux. On entend aussi bien de la musique traditionnelle colombienne tel que la salsa ou le vallenato que des sons plus commerciaux et modernes tel que le reggaeton.
Je pars demain pour San Juan del Guaviare tout proche de l’Amazonie. Je ne suis pas encore habitué à la chaleur que je vais ressentir mais je vais bien devoir m’y faire
J-1 avant le départ à vélo.
Hier et avant hier j’ai fait la visite de Guaviare, une région de Colombie. Pas mal de choses sont réalisables la-bas, notamment la visite de la forêt amazonienne, la visite de rivières colorées, de cascades, de peintures préhistoriques… Faisant une courte visite familiale, j’ai seulement visité la ville « El Guaviare », la ville « El Retorno » et j’ai aussi pu aller dans la jungle de la forêt amazonienne. Ce matin j’ai vu « La Candelaria », un quartier de Bogota magnifique aux diverses couleurs. J’avais au début pensé à faire un blog mais n’ayant pas l’ordinateur avec moi, c’est beaucoup plus simple d’envoyer des e-mails. J’enverrai les photos dès que possible, c’est à dire dès que je trouverai un ordinateur. Voici les quelques observations que j’ai prises sur mon chemin.
23/04 : forêt amazonienne, j-3 avant le départ à vélo
Je me trouve maintenant à la ferme d’un de mes frères, dans une maison faite de simples planches de bois avec un toit de planches métalliques au fin fond de la forêt amazonienne. C’est une ferme destinée à la production de lait de buffle. La maison au sein de son environnement n’a nullement l’air d’une maison pauvre. Nous créons beaucoup de concepts de pauvreté et de richesse de manière subjective. Là où n’arrivent pas les annonces publicitaires, les canons de beauté ne sont pas liés à la mode avec autant d’intensité et les critères de pauvreté et de richesse ne sont pas forcément les mêmes. Dans la maison où je me trouve, les chambres sont des espaces fermés comportant des murs. Le reste de la maison : cuisine et salle à manger n’ont pas de murs et donnent directement sur l’extérieur. Cela n’est nullement choquant avec une température ne descendant jamais en dessous de 20°C le chauffage n’est pas une nécessité des gens et se protéger contre les vols n’a jamais été nécessaire ici au fin fond de la campagne. Arriver jusqu’à là a été très aventureux. San José del Guaviare est la capitale du département « Guaviare ». Dans cette ville arrivent bus et avion depuis Bogota. La première chose qui m’a impressionné est l’intensité de la couleur verte de toute la végétation que ce soit de l’herbe, des arbustes ou des arbres. La nature est omniprésente. San José del Guaviare est une ville de 50000 habitants. Il n’y a environ que la moitié des voies de circulation qui sont bétonnées. L’autre moitié sont des chemins de terre qui sont tout de même assez larges et où il devient difficile de circuler la nuit surtout après les jours de pluies. On peut discerner dans ce cas là une pauvreté réellement objective car elle impacte directement la vie matérielle de la population en rendant plus difficile leur déplacement. La majorité des gens circulent en moto. De San José del Guaviare, je suis allé à El Retorno. C’est une ville d’environ 20 000 habitants. J’y suis allé dans le coffre de la partie arrière d’une camionnette. Cette camionnette ressemble à celle utilisées par les artisans commerçants en France pour y transporter leur matériel. Nous étions 8 personnes serrées à l’arrière. La vitesse de la camionnette variait environ de 5 à 60km/h selon la quantité de trous sur le chemin. Avec les quelques photos prises du paysage, les autres passagers ont vite découvert que je n’étais pas quelqu’un de local. Moi qui ne voulais pas être découvert, cela n’a pas duré. En discutant avec une passagère, elle m’apprend alors qu’il y a des gens ici de différentes origines, de Medellín, de la côte atlantique et d’autres endroits divers. Elle m’explique qu’il y a eu deux colonisations. Tout d’abord celle des espagnols et ensuite celle des Colombiens venus d’autres régions de Colombie. Je n’ai pas vraiment compris ce passage là. La deuxième colonisation est elle celle des paramilitaires ? Je n’en sais rien. Elle me dit aussi que pas mal d’habitants font l’aller retour entre San Juan Del Guaviare et El Retorno. Le temps de transport varie beaucoup selon si c’est un jour de pluie ou un jour sec en raison de la boue sur les chemins. Pas mal d’étudiants et de professionnels qualifiés s’en vont vers San José del Guaviare et ensuite El Retorno manque de médecins, de professeurs, etc. La chose étonnante et très marquante était que dans cette camionnette perdue dans un chemin au milieu de nulle part les deux jeunes filles à ma gauche avaient des smartphones de dernier cris et était focalisées sur facebook en étant connecté dès que le réseau internet leur permettait. Sur ce point les discussions ne sont pas plus évoluées qu’en France. Ça parle de profil facebook, de photos, etc.
En arrivant à El Retorno, l’atmosphère devient vraiment chaleureuse. Il n’y a pas de frontière réelle entre l’intérieur et l’extérieur des maisons. Beaucoup de gens se connaissent, s’interpellent et se saluent dans la rue. La musique s’entend a l’air libre. L’aspect positif de ces « villes très rurales » est qu’il n’y a pas de délinquance. On a donc pas besoin de faire constamment attention à ses affaires. Dans la ville d’El Retorno, mon frère, une amie et un autre ami de mon frère m’attendent. Je monte cette fois sur une moto pour aller à environ une heure d’El Retorno dans la ferme de mon frère qui est encore plus enfouie dans la forêt amazonienne. Là ça devient vraiment aventureux. Le chemin devient alors vraiment étroit, les trous, les bosses et la boue sont partout. Après environ une heure de moto et une chute heureusement sans gravité, j’arrive à la ferme. Un panneau photovoltaïque d’environ un mètre carré donne suffisamment d’électricité pour la lumière de la surface habitable de la ferme qui est d’environ 50 mètres carré. C’est cependant une maison sans frigidaire, celui-ci étant le poste le plus élevé de consommation. Une citerne installée en hauteur arrive à emmagasiner 1000 mètres cube d’eau de pluie qui sert au lavabo et à la douche. Les gens ne boivent que des jus de fruits. Je n’ai en tous cas pas bu une goutte d’eau pendant mon séjour d’un jour et demi à la ferme. J’ai bu toute sorte de jus de fruits locaux : mangue, fruit de la passion, Lulo, etc. Le linge se lave à l’eau de pluie. La chaleur est telle que le linge lavé le matin est sec l’après-midi. Étant allé faire un footing le matin, la chaleur et l’humidité sont étouffantes. Les locaux arrivent à réaliser des travaux physiques sans aucun problème sous cette chaleur qui peut atteindre plus de 35 degrés.
Après avoir parlé de choses et d’autres je me mets à poser des questions plus indiscrètes sur les thèmes internationaux pour lesquels la Colombie est principalement connue. San Juan Del Guaviare et El Retorno ont été pendant de longues années des villes sous contrôle de la FARC. Ici les gens à la campagne ont une meilleure image de la FARC que de l’état.
Certaines zones de la forêt amazonienne ont été dédiées à la plantation de la coca. Un argument généralement mentionné dans la région est celui de l’état des voie de transport. C’est à dire par exemple que le bénéfice que l’on peut faire avec plusieurs dizaines de kg de mangues est équivalent au bénéfice que l’on peut faire avec quelques kg de feuilles de coca. Vu le mauvais état des voies de transport il devient alors beaucoup plus simple de vendre de la coca. Un autre argument avancé est qu’il peut être assez difficile de vendre des fruits ou légumes car beaucoup d’aliments sont importés de l’étranger au lieu d’être achetés aux paysans locaux. Je me mets alors à penser que les différents traités de libre commerce entre la Colombie et les États Unis sont entrain de détruire les petits paysans colombiens qui n’ont pas la capacité de prendre part à une telle concurrence. Finalement le marché de la coca a dû sortir de la pauvreté certains petits cultivateurs tout en rendant extrêmement riches ceux qui avaient le monopole du marché. Les gains financiers de la coca sont impressionnants. Pour une hectare de coca plantée il faut investir environ 4 millions de pesos et celle ci peut rapporter en moyenne 0,5 millions de pesos par mois. À vrai dire, on récupère plus de l’investissement initial en moins d’un an. Pour éradiquer la culture de la coca, le processus de paix apporte des aides économiques aux paysans en question. Un paysan mettant fin à son champ de coca peut obtenir jusqu’à 30 millions de pesos. Il obtient une première partie lorsqu’il détruit sa propre plantation. Il obtient une deuxième partie lorsqu’il a remplacé son ancienne plantation par une autre d’une culture différente. Le processus de substitution a déjà commencé et une grande partie des champs de coca ont été éradiqués. Une des solutions principales sur le long terme se trouverait plutôt dans l’abolition des traités de libre commerce permettant à l’agriculture locale de se développer que dans la transmission d’aides économique qui ne permettraient pas forcément au paysans de se développer sur le long terme. Je rentre maintenant à Bogota où mon vélo m’attend pour partir vendredi matin.
Vendredi 26 Avril
Après quelques semaines de préparation, le jour que j’attendais vient enfin. Le réveil et mis à 4h30 du matin.
À Bogota il faut se lever tôt pour éviter les bouchons.
C’est un peu comme le périphérique à Paris, la circulation peut être tellement dense qu’il en devient difficile de circuler.
Après un rapide mais consistant petit déjeuner je monte sur le vélo et je prends la route que j’avais tant de fois étudiée.
Depuis mon point de départ, il faut environ une vingtaine de km pour sortir de Bogotá en prenant la direction d’Ibague et ensuite 180 km pour arriver à Ibagué.
Sur mon chemin je passe par chez ma tante qui m’offre une pommade musculaire. Elle fait toute sorte de pommades de manière artisanale.
Elle me recommande à dieu pour que je sois en sécurité et je continue mon chemin.
J’ai pu roulé un certain temps à Bogota sans trop de difficulté avant que la circulation ne se fasse trop intense aussi bien sur la route que sur les pistes cyclables.
Rouler sur la route est plus rapide et rouler sur la piste cyclable est moins dangereux. J’opte des fois pour l’un, des fois pour l’autre.
Après quelques km en sortant de Bogota vient la première montée, pas très longue et qui culmine à environ 2800 m d’altitude.
Je la monte sans me presser, la route va être longue. Pour tenir la distance, je fais des pauses de 5min chaque heure.
Après ce premier col vient une descente infinie jusqu’à une ville qui s’appelle Melgar. Beaucoup de camions roulent à moins de 70km/h.
Cela me permet de prendre l’aspiration. Plus je descends, plus la chaleur se fait ressentir.
Arrivé à Melgar, je me perds pour la première fois. En Colombie, avec beaucoup de régularité, il y a des embranchement de route qui disent « Retorno » et qui permettent de faire demi tour pour revenir sur ses pas.
Je retrouve ainsi aisément mon chemin. Les 20 derniers km jusqu’à Ibagué sont difficiles.
Je n’étais vraiment plus du tout habitué à faire du vélo sous une telle chaleur. Je commence à être brûlé par le soleil.
Je bois des litres et des litres d’eau. Mon compteur de vélo indique 37 degrés. C’est 7 degrés de plus que ce qui était prévu par la météo.
Arrivé à Ibagué, je suis reçu par un « Warmshower ». C’est une communauté internet qui permet aux voyageurs de vélo de se loger mutuellement.
Je ressens mon arrivée chez lui comme une délivrance. Je me rendrai compte le lendemain matin au moment de remonter sur le vélo que c’est plus la chaleur que la fatigue physique qui m’a fatigué.
À Ibagué, la maison de mon Warmshower est un véritable musée. Sur les murs se trouvent accrochés une collection de vélos qui ont tous l’air plus anciens les uns que les autres.
Je fais une sieste dans un hamac et la journée continue. Alejandra et Carlos, les personnes qui me logent font partie d’une organisation qui s’appelle « En Tendem ».
Cette organisation a pour but de promouvoir la circulation à vélo. Tous les derniers vendredi de chaque mois, ils organisent une sortie à vélo collective.
J’ai la chance d’être là au bon moment. Avec une soixantaine de participants ils étaient selon leurs dires, pas beaucoup.
Sur le chemin ça parle d’écologie et de recyclage, ça parle d’un monde avec moins de fumée et plus de vélos.
À l’avant et à l’arrière du défilé se trouvent deux vélos avec enceinte et drapeaux de l’organisation.
Ici ils ne parlent pas d’éduquer le conducteur de voiture mais principalement d’éduquer le conducteur de vélo.
Les consignes de sécurité sont répétées dès que possible : rouler à droite de la route, attendre que le feu passe au vert pour s’engager, toujours avoir des lumières d’éclairage pendant la nuit.
Ce n’est pas la seule organisation de ce genre en Colombie. Il y en a plusieurs dans différentes villes.
La majorité des évènements se font de manière mobile, c’est à dire en se déplaçant à vélo de manière collective en formant des fois dans les grandes villes des déplacements d’une ou plusieurs centaines de participants.
Samedi 27 Avril
Départ à 5h du matin. L’objectif n’est plus d’échapper à la circulation de Bogota mais d’échapper à la chaleur.
Température au départ : 19 degrés. L’apparente fraîcheur matinale me donne de l’énergie et de la motivation.
C’est aujourd’hui l’étape la plus difficile de toutes.
Au programme « l’alto de la línea » culminant à 3250 m d’altitude en partant d’Ibagué qui se trouve à 1170 m d’altitude.
La montée se divise en deux parties :
une première partie d’Ibagué à Cajamarca d’environ 25 km à quelques 3% de pente et une deuxième partie d’environ 22 km à 6,1%.
La première partie ressemble au col du Lautaret dans les Alpes.
La deuxième partie pourrait ressembler au col du Galibier dans le sens où plus on arrive au bout plus ça monte raide, cependant le Galibier est bien moins long.
Arrivé à Cajamarca je prends une première pause. Mon objectif à partir de là est d’aller jusqu’au bout sans mettre pied à terre.
Au village, je mange une « arepa » et une « almojabana » qui sont des plats traditionnels colombiens.
J’en ai marre de mon alimentation du jour précédent à base de pâtes de fruit et de bananes.
Cette deuxième partie du col aura durée environ 2h20. Je n’ai jamais été aussi lentement en vélo. Mes bagages de 9kg paraissent en faire 40.
Les 200km du jour précédent pèsent lourd dans les jambes. Nombreux sont les camionneurs qui claxonnent ou qui me font un signe de la main pour m’encourager.
J’ai failli abandonner à plusieurs reprises ; cependant en voyant le nombre de km restant diminuer, cela m’a permis d’aller jusqu’au bout.
Dans cette montée je voyais tout au ralenti. La majorité des véhicules étaient des camions de transport de marchandises.
L’unique passage routier entre Cali et Bogota est ce col d’où la circulation si importante.
Certains camions prennent des risques mortels en en doublant d’autres avec très peu de distance et de visibilité.
J’observe sur ma route un combat entre les rejets de polluants des camions et la nature. De la fumée noire s’échappe de certains pots d’échappement de camions.
En l’absence de camions, l’odeur de la nature quant à elle si dense se fait immédiatement ressentir.
Même au dessus de 3 000 mètres d’altitude, il continue à y avoir des arbres, cependant ce sont davantage de sapins. Le climat tropical permet cela.
Une fois arrivé au sommet, je savoure une bonne pause. « L’alto de la Línea », le sommet de ce col est toujours en contact avec les nuages et je me retrouve en plein dans la brume.
N’ayant pas de pull, les colombiens me regardent comme si j’avais perdu la tête. Je reprends ensuite la route.
La descente pour arriver jusqu’à Calarca est très technique avec beaucoup de tournants.
C’est dans ces situations que le cycliste peut aller plus vite que les autres véhicules.
Je fais alors face au premier problème technique de mon vélo. Le derailleur avant se met à faire un bruit bizarre.
Ce problème disparaîtra sans que j’en comprenne l’origine. Une fois à Calarca, je prends la destination de Tulua où m’attend ma cousine les bras ouverts.
Dimanche 28 avril
Dès l’aube je prends direction Cali. Il me reste plus que 80 km de plat.
J’arrive dans la région « d’El Valle del Cauca » que l’on pourrait traduire par » la pleine du Cauca « .
La Colombie est un ‘pays extrêmement montagneux à l’exception de ce territoire.
Quand on y est on voit de longues étendues de champs avec des montagnes au bout.
Ces 80 km de plat pourraient être un jeu d’enfant par rapport aux étapes précédentes.
Cependant je commence à ressentir l’envie de vomir et l’accumulation des km des jours précédents me compliquent la tâche.
Après les 40 premiers km, je ressens de meilleurs sensations.
En arrivant à Cali j’arrive à me faufiler derrière des camionnettes et derrière certaines motos qui ne vont pas à plus de 40km/h pour prendre aspiration.
Une fois arrivé chez une de mes tantes à Cali m’attend un un excellent repas. Ce sera le festin de trop.
Après cela je commence à avoir la diarrhée, la fièvre, mal de ventre, un manque d’énergie…
Cela va me maintenir au lit pendant au moins 24h sans trop pouvoir bouger, totalement bloqué et inactif. J’ai perdu 2 kg en trois jours.
Que ce soit à Bogota, à Cali ou sur mon chemin de Bogota à Cali, j’aurai vu des migrants vénézuéliens.
Regroupés souvent par groupes de 3 à 5 personnes, on les retrouve en train de marcher avec leurs bagages sur le bord de la route sans aucun autre moyen de locomotion que leurs jambes.
Sur les routes en Colombie, il y a des péages. C’est heureusement gratuit pour les vélos.
J’ai vu des routes de très bonne qualité et extrêmement roulantes en arrivant « Al Valle Del Cauca ».
À chaque péage j’ai pu voir les migrants Vénézuéliens attendre que passent les poids lourds pour monter dessus.
Il existe ici la même dichotomie qu’en France en référence aux migrants.
Il y a aussi bien ceux qui rechassent les migrants en se sentant envahis, que ceux qui veulent faire acte de solidarité pour les accueillir dans les meilleures situations possibles.
Les visions du monde et les idéologies sont assez dichotomiques, ici en Colombie tout comme aux États-Unis à la grande différence qu’aussi bien en Colombie et au Vénézuela le socialisme peut être interprété dans son vrai sens du terme.
Sur l’origine de la pauvreté au Venezuela les avis divergent.
On trouve aussi bien ceux expliquant que la pauvreté au Venezuela provient plutôt d’un sacage du système socialiste vénézuélien par la droite capitaliste que ceux expliquant que la pauvreté provient d’une mauvaise gestion économique du pays et d’une monopolisation du pouvoir.
Ce qui est sûr, c’est que par l’utilisation de la constitution, l’opposition vénézuélienne aurait pu à maintes reprises mettre en place et développer un contre pouvoir.
Cependant, elle n’a pas opté pour ce chemin.
Ici en Colombie, les migrants se fondent dans la classe populaire d’un des pays les plus inégalitaires au monde.
Dans ces pays inégalitaires, ou bien peut-être particulièrement en Colombie, on retrouve des différences culturelles entre les riches et les pauvres.
Les gens des quartiers populaires prennent le bus et le vélo comme moyen de transport. Les riches prennent quand à eux leur voiture ou le taxis.
Les gens des quartiers populaires font souvent la fête dans la rue entre voisins et amis, les riches font des fêtes organisées au sein de leurs propres maisons.
Les riches ont une peur extrême de l’insécurité et de la délinquance contrairement aux gens des quartiers populaires.
Les riches seraient rarement prêt à rouler à vélo et prennent une peur bleue lorsque je leur raconte mon aventure en solitaire tandis que les gens des quartiers populaires m’y encouragent.
Il y a aussi, il faut le dire une certaine partie de la population qui bien que venant de l’élite, essait d’adopter des habitudes plus humbles leur permettant de se fondre dans la majorité de la population en adoptant des manières de faire les plus variées possible.
On pourrait dire qu’ils sont des « bobos » ce qui ne doit pas être considéré comme négatif si l’on recherche une transition et une certaine homogénéisation des niveaux de vie.
Je ne pense pas qu’il y ait en Colombie beaucoup de délinquance, je pense plutôt que la délinquance existante peut se manifester de manière bien plus violente.
En arrivant chez ma tante à Cali, elle fait alors tout pour me faire peur et pour que je ne continue pas mon voyage.
Elle m’explique comment s’est passé son cambriolage, elle m’explique les actes de délinquance qui se déroulent dans la rue, les vols de vélo, etc,
Après que la maladie m’ait cloué au lit et m’ait fait perdre plusieurs kg je reste avec les même envies de continuer.
Je verrai comment m’organiser dans les prochains jours selon l´évolution de mon état de santé